Son père, issu d’une famille de modestes paysans apprend courageusement à lire et écrire. Il inscrit son fils chez les Jésuites et rêve d’une brillante carrière pour lui. Mais, à sa grande déception , le jeune Claude montre un intérêt marqué pour l'art.
C’est la découverte du musée du Louvre et son emploi auprès d’un maître restaurateur de l’emblématique musée que Claude Venard va se forger une éducation artistique qui lui ouvre vraiment la voie de la peinture.Il décide de s’inscrire à l’Ecole des Beaux Arts, mais la quitte au bout de 24 heures.
Dans les années 30, après un périple à travers l’Algérie, le Sahara et le Sénégal, il revient en France et participe à ses premières expositions. Il fréquente les peintres André Marchand, Francis Gruber, Pierre Tal Coat, Alfred Pellan, André Civet et Antoni Clavé. Avec certains d’entre eux, il signe le Manifeste « Rupture » et participe à la deuxième exposition de la Nouvelle Génération (groupe « Forces nouvelles) à la galerie Billet-Worms. Mais finalement, il s’éloigne du mouvement et va trouver sa propre voie.
En 1937 il voyage à bicyclette et découvre Bandol et sa lumière azuréenne pour la première fois. On comprendra mieux par la suite pourquoi le Var lui était si cher.
Les toiles de Claude Venard montrent à la fois l’amour inconditionnel du peintre pour sa ville natale, le Paris des monuments et des toits, et son attrait certain pour la campagne. Dans les années 50, il s’installe dans la Vallée de la Chevreuse et loue par la suite à Sanary-sur-Mer un petit mas provençal entouré de garrigue qu’il ne tarde pas à acheter et à transformer en une vaste demeure agrémentée d’un jardin luxuriant qu’il ne quittera plus jusqu’à sa mort, mais qui ne l’empêchera pas de poursuivre ses voyages en bateau de l’Atlantique jusqu’à Gibraltar et de sillonner chaque été la Méditerranée. Son rêve: Pouvoir installer son atelier à bord d’une goélette. Il y renonce, déçu par l’envahissement estival croissant et l’évolution du monde de la plaisance qui n’est plus un espace de liberté. Son nouveau bonheur: De brèves escapades en pointu dans les petites criques proches de Sanary-sur-Mer.
Le peintre est connu pour ses paysages marins, en particulier ceux de la Bretagne; il séjourne plusieurs fois à Pont Croix, peint le port d’Audierne comme l’a fait le renommé Bernard Buffet. Ce dernier, qui a 15 ans de moins, a été conseillé par Claude à ses débuts. Les deux artistes sont souvent comparés, encore aujourd’hui, bien que leur personnalité et style ne se ressemblent pas vraiment si l’on s’y attarde un peu. Claude Venard nous offrant peut-être une peinture plus empreinte d’une certaine quiétude et douceur de vivre.
On retrouve la « patte » de Claude Venard dans ses natures mortes, même sur de tout petits formats de toile sur laquelle il charge la matière « brute », accentuée par des reliefs, des mouvements visibles du pinceau et du couteau. Les couleurs vives de ses empâtements révèlent des formes géométriques à la fois anguleuses et rondes, accentuées par des contours noirs.
Au fil des années, le peintre développe un style personnel où le cubisme se réinvente à travers des compositions dynamiques et expressives plus ou moins abstraites.
C’est donc au « Domaine de la Campagne Mitre » à Sanary-sur-Mer, dans l’atelier de Claude, soigneusement conservé par son épouse Renata que les couleurs vibrantes du Var se sont éternisées sur les palettes d’un peintre au carrefour de toutes les écoles artistiques, un artiste qui a réussi à capturer l’essence d’un lieu idyllique qu’il chérira jusqu’à la fin de ses jours.
Au-delà de Sanary-sur-Mer, l'œuvre de Claude Venard, associée à l’Ecole de Paris est exposée dans de nombreuses galeries et musées à travers le monde. On trouve ses toiles aussi bien à Sao Paulo, Bueno Aires, Palm Springs, Dallas, qu’à Bâle, Düsseldorf, Tokyo ou encore Montréal, ce qui témoigne de son importance dans le paysage artistique français du XXe siècle. Sa capacité à marier tradition et modernité continue d'inspirer de nombreux artistes aujourd'hui.